paper books going to digitalQu’est-ce qu’un livre ? Il y a plus de cinquante ans, la réponse semblait évidente : des mots imprimés sur des feuilles de papier collées. Puis une idée est venue : et si nous remplacions l’encre par des pixels à la surface d’un petit écran plat ? Les gens criaient au sacrilège. Si jamais ce caprice se réalisait, ce serait la fin de la lecture, le triomphe de l’image et de la télévision. Je n’ai jamais cru à cette vision catastrophique. J’ai travaillé assez longtemps dans l’édition traditionnelle pour savoir à quel point le papier, ses coûts de transport et d’impression, compliquaient l’expansion de la littérature. Comment se rendre de Paris à une librairie de Séoul sans faire payer un prix exorbitant à l’acheteur coréen ?

Les librairies électroniques ont résolu d’un seul coup ce qui semblait être un problème inextricable.Où qu’ils soient dans le monde, les lecteurs ayant accès à Internet peuvent télécharger un livre en quelques secondes sans frais d’expédition et en réduisant considérablement les coûts d’achat. Il en résulte une intensification des échanges de livres, d’idées et d’informations. Ce commerce devrait être libre de toute contrainte politique, religieuse et idéologique, à moins qu’il ne propage la haine et ne limite la liberté de pensée.

Mais les barrières linguistiques demeurent.

D’où l’idée fondatrice de Cogito : permettre la diffusion d’ouvrages en anglais et en français sur une même plateforme. Pourquoi privilégier ces langues ? Parce que nous maîtrisons et aimons ces deux langues. Parce que nos auteurs bénéficient ainsi d’un vivier potentiel de 635 millions de lecteurs anglophones et francophones. De grands écrivains multilingues ont ainsi écrit leurs œuvres dans plusieurs idiomes. Pensez à Nabokov, auteur de Lolita, qui est passé du russe à l’allemand puis à l’anglais. À Samuel Beckett, qui a abandonné l’anglais pour le français. À Kundera, qui est passé du tchèque au français.

Et pourquoi un jour, avec l’aide de l’intelligence artificielle, ne pourrions-nous pas traduire nos auteurs dans une langue qui leur est chère ? Parce que derrière les mots, il y a du sens. Où, en principe, tous les êtres humains peuvent se retrouver. Où chacun peut comprendre les autres malgré et grâce à la Tour de Babel.