Le réalisme magique de Pierre Turgeon : Un, Deux, Trois

À propos du livre

Un, Deux, Trios Cogito, 2020

Un journaliste se donne une double mission professionnelle : un journal et un article sur la fermeture du four à chaux Domtar à Saint-Maurice-des-Carrières, son village natal, et un article sur un cirque installé à Brémondville. Ces reportages sont peu à peu envahis par la fiction, par les illusions de l’enfance, les rêves, le divertissement, la drogue et la mort.

Un, Deux, Trios

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Monsieur l’éditeur,

Je doute qu’on puisse reconnaître dans les pages ci-jointes l’article que ma revue avait commandé à M. Paul Mercier sur la fermeture d’une usine de chaux dans son village natal : Saint-Maurice-des-Carrières. La longueur du texte, les allusions à des événements de la vie privée, le manque d’unité logique nous interdisaient de publier ce reportage ; peut-être le trouverez-vous contourné, exagéré, en un mot littéraire. Avec raison. Mais pour défendre M. Mercier, j’invoquerai l’aspect littéraire de cela même qu’il devait conter. Ce n’est pas la forme, mais le fond qui tomberait alors sous le coup de votre accusation. Son existence devenue brusquement romanesque, ses amis métamorphosés en personnages, M. Mercier a probablement décrit ce qui se passait autour de lui avec son objectivité habituelle. Je classe toutefois ce récit dans le genre romanesque, puisque les faits, même authentiques, n’appartiennent pas à ce que nous entendons par « la réalité », non pas qu’ils soient surnaturels, plus importants ou plus profonds que ceux rapportés par la presse, mais parce qu’ils échappent au langage des journaux à fort tirage.

Paul Mercier a longtemps travaillé pour nous à la pige. J’ai ainsi noué avec lui une amitié qui m’empêche de détruire tout simplement son reportage, qui pourrait d’ailleurs remporter un succès de vente : certains n’ont pas oublié l’étrange disparition du journaliste voici déjà plus de trois ans. J’accepterais donc de vous céder le manuscrit en échange du pourcentage que vous versez d’ordinaire à l’auteur. Si celui-ci réapparaissait, nous lui donnerions bien sûr le montant auquel il a droit.

PIERRE TURGEON

Né au Québec, le 9 octobre 1947 – Le romancier et essayiste Pierre Turgeon obtient un baccalauréat ès arts en 1967. En 1969, à l’âge de vingt-deux ans, déjà journaliste à Perspectives et critique littéraire à Radio-Canada, Pierre Turgeon crée la revue littéraire L’Illettré avec Victor-Lévy Beaulieu. La même année, il publie son premier roman, Faire sa mort comme faire l’amour. Plusieurs ouvrages ont suivi 22 titres au total : romans, essais, pièces de théâtre, scénarios de films et ouvrages historiques. Parmi ceux-ci, on trouve La première personne et La Radissonie, qui remportent tous deux le Prix du Gouverneur général pour le roman et l’essai respectivement.

En 1975, il fonde la maison d’édition Quinze, qu’il préside jusqu’en 1978. Il y publie de nombreux auteurs, dont Marie-Claire Blais, Gérard Bessette, Jacques Godbout, Yves Thériault, Jacques Hébert et Hubert Aquin, avant de devenir directeur adjoint des Presses de l’Université de Montréal (PUM) en 1978. Puis, de 1979 à 1982, il a dirigé les éditions du groupe Sogides, le plus important éditeur francophone d’Amérique. (L’Homme, le Jour, les Quinze). Il édite également des logiciels, lançant l’un des premiers éditeurs de texte français (Ultratexte) et le premier programme de vérification orthographique français (Hugo). Rédacteur en chef de la revue littéraire Liberté de 1987 à 1998, il a édité des numéros controversés sur la Crise d’octobre et la Crise d’Oka, ainsi que sur divers sujets politiques et culturels.

En 1999, il crée Trait d’union, une maison d’édition consacrée à la poésie, aux essais et aux biographies de célébrités, ouvrages signés entre autres par René Lévesque, Pierre Godin, Micheline Lachance, Margaret Atwood. Il est le seul éditeur canadien à avoir vu l’un de ses livres, une biographie de Michael Jackson Unmasked, atteindre la première place de la liste des best-sellers du New York Times. Entre-temps, l’auteur continue d’être prolifique et, en 2000, il a publié une histoire du Canada, en collaboration avec Don Gilmor, qui a remporté le prix Ex-Libris, décerné par l’Association des libraires canadiens avec la mention de meilleure histoire du Canada à ce jour.

Aujourd’hui, il travaille à la création d’un site d’édition entièrement consacré à la diffusion de livres électroniques en anglais et en français : Cogito, qui sera mis en ligne au début de l’année 2021.

Le deuxième roman de Pierre Turgeon, Un, deux, trois, est un livre charnière qui liquide la pente introspective du récit autobiographique pour aboutir à la fantasmagorie du monde contemporain. Le rythme de la narration se justifie dans la mêlée vertigineuse d’une série de figures fractionnées : Le monde est gouverné par des cauchemars autonomes. – Réjean Beaudouin, Les livres d’ici

L’œuvre de Pierre Turgeon reste, ici, singulière : il faut l’aborder presque sans habitudes, un peu comme un poème non figuratif. Ces pages ont l’intensité indéfinissable de celles d’un André Pieyre de Mandiargues. – Réginald Martel, La Presse